Les gros mots

31 de March de 2017

Test nº1
Faites l’essai sur un bébé. Inclinez-vous sur sa poussette et, avec un grand sourire, murmurez-lui tendrement: «Bonjour, mon chéri!». Que fait-il? Se mettre à pleurer. Au mieux, il vous ignore tout en soufflant une bulle gonflée de dédain.
Répétez l’expérience quelques secondes plus tard. D’une voix neutre, prononcez en articulant bien: «Ca-ca.» Que fait le petit ange? Il se tord de rire, il applaudit, il vous adore!

Hypothèse nº 1
Le sex-appeal des gros mots provient de leur simplicité phonétique: [kaka], [ky], [kɔ̃]… Évident.

Test nº2
Prenez un enfant de 2-3 ans et prononcez devant lui les mots suivants: «maman», «mouton» et «merde». Que répètera le bambin avec délectation?… Exact.

Hypothèse nº 2
Ce n’est pas seulement leur simplicité phonétique mais aussi leur sonorité qui rend les gros mots si séduisants. Par exemple, le e ouvert [ɛ] sur le [Rd] final donne à [mɛRd] un accent germanique barbarement délicieux.

Test nº3
Dans un message écrit à vos étudiants, disséminez dans votre texte les mots suivants: «classe», «grâce» et «dégueulasse». Sur quel vocable vont-ils flasher invariablement?… Eh, oui!

Théorème
À l’oral et à l’écrit, l’être humain possède, dès sa naissance, un instinct naturel qui lui permet de détecter instantanément les mots considérés «grossiers». S’ils le font tellement rire, s’il les prononce avec autant de plaisir, c’est parce qu’ils lui donnent une sensation d’intimité avec la langue aussi réjouissante qu’incomparable.

Démonstration
Prenez un mari non francophone et spécialement hostile à la langue de sa belle-mère (on le comprend). Montrez-lui une seule fois la vidéo ci-dessous. Quel sera le mot qu’il apprendra sur-le-champ? Bravo: [kɔnaR]!

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