Prêt·e·s pour l’écriture inclusive?

11 de diciembre de 2017
Source: http://www.beaujolaisnouveau.fr

Non, vous ne rêvez pas, le français est en pleine (r)évolution! Chaque fois qu’on effleure simplement notre sacro-sainte langue, tout le monde est prêt à ruer dans les brancards… Au cœur de la dernière polémique, un manuel scolaire fondé sur un type d’écriture qui questionne la primauté du masculin sur le féminin: l’écriture inclusive.  Trois grands principes la règlent:

1.Accorder la profession en fonction du genre: on dira une professeure, une auteure ou autrice (au choix) et, à l’inverse, on masculinisera les noms féminins (par exemple, un infirmier). Rien de bien nouveau à vrai dire.

2.Pour évoquer un groupe de personnes, on mentionne à la fois le féminin et le masculin:  c’est ce qu’on appelle la double flexion (exemple: les candidates et les candidats à l’élection présidentielle). Qui met-on alors en premier, le féminin ou le masculin? C’est l’ordre alphabétique qui prime: les maçonnes et les maçons, les décorateurs et les décoratrices.

On peut aussi tout condenser en un seul mot et séparer les marques par un point, comme dans le manuel scolaire originaire de la discorde: «grâce aux agriculteur·rice·s, aux artisan·e·s et aux commerçant·e·s, la Gaule était un pays riche». C’est là où le bât blesse: il faut reconnaître que ça n’est pas très lisible…

Pour alléger le texte, on recherche des termes génériques, plus neutres  -par exemple les droits humains à la place des droits de l’homme.

3.On abandonne la règle actuelle d’accord de l’adjectif.  Avant le XVIIIe siècle, c’était la règle de proximité qui prévalait: on accordait le genre de l’adjectif avec le nom le plus proche. Le féminin pouvait ainsi l’emporter sur le masculin; par exemple: «les collaborateurs et les collaboratrices sont satisfaites». Or, à partir de 1675, «lorsque deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte» (et, selon le grammairien Bauzée, «le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle» [sic]).

L’écriture inclusive est aujourd’hui au cœur de la polémique. L’académie française a déclaré que ce changement mettrait la langue française en péril mortel. La double question qui se pose, au fond, est la suivante: la langue façonne-t-elle les mentalités, ou bien les mentalités façonnent-elles la langue? C’est toujours l’histoire de savoir qui est le premier: l’œuf ou la poule…

Alors, me direz-vous, et si le Beau Jolais rencontrait la Belle Jolie? Comme vous le voyez, l’affiche du créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac cette année est dans l’air du temps.

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