Éloge d’un vilain monsieur

30 de May de 2019
Source: commons.wikimedia

Michel Houellebecq est un écrivain que beaucoup de gens détestent, mais pas moi. D’accord, pour commencer, il a VRAIMENT une sale gueule. Il n’est pas, tout simplement, «pas beau», non. Il est vilain, d’une laideur qui, en plus, semble être le reflet d’une personnalité abjecte et veule (deux adjectifs très chouettes et un peu rétro, qui méritent d’être utilisés plus souvent). C’est bien simple: à côté de lui, Steve Buscemi a l’air d’une âme noble logée dans un corps plutôt sexy. Si vous croyez que j’exagère (comme toujours) regardez cet extrait du téléfilm L’Enlèvement de Michel Houellebecq, où l’écrivain joue son propre rôle:

Vous avez vu??? Même entouré de petits malfrats, c’est lui qui fait peur! À croire qu’il le fait exprès… Car oui, IL LE FAIT EXPRÈS, c’est la seule explication possible! Et ça, à une époque où les gens ne pensent qu’à retoucher leurs selfies, je trouve ça héroïque!

Mais ce n’est pas tout. Alors qu’il pourrait être gentil et sympa pour compenser son aspect repoussant, Michel Houellebecq écrit, à la première personne, des romans absolument dérangeants sur des sujets aussi délicats que la prostitution, l’alcoolisme, l’impuissance masculine, la dépression ou le tabagisme (l’horreur suprême de nos jours!!!), tout en affichant des positions très politiquement incorrectes. Et ça aussi, à une époque où plus d’un million et demi de personnes (à l’heure où je vous écris) ont signé une pétition pour demander que l’on réécrive la fin du Trône de Fer, je trouve ça admirable.

Pourtant, ce n’est pas pour ça que je vous propose de lire Houellebecq en français. Ce qui compte vraiment chez lui, c’est qu’il écrit comme un dieu. Un dieu tellement à l’aise dans sa Création qu’il peut se permettre de changer de registre de langue d’une phrase à l’autre, allant du langage littéraire à la langue parlée, je dirais même qu’à la “langue pensée”, celle où nous parsemons notre discours intérieur de mots crus et d’adjectifs péjoratifs sans nous retourner pour voir l’effet que nous venons de provoquer. Et ça, mes chers lecteurs, je trouve ça merveilleux.

On ne parle vraiment bien une langue que si l’on arrive à PENSER dans cette langue. Ouvrez un roman de Houellebecq et vous aurez fait le premier pas.

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